Allemand Deutsch | |
Pays | Allemagne, Autriche, Belgique, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Suisse, Pologne, Roumanie, Namibie, Brésil, Danemark. |
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Nombre de locuteurs | 95[1] - 100 millions[2] (langue maternelle) 75 - 100 millions (langue étrangère)[1] |
Nom des locuteurs | germanophones |
Typologie | SOV + V2, flexionnelle, accusative, accentuelle, à accent d'intensité |
Classification par famille | |
Statut officiel | |
Langue officielle | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Garde suisse pontificale (Vatican) ![]() Régionalement :
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Régi par | Conseil pour l'orthographe allemande |
Codes de langue | |
ISO 639-1 | de |
ISO 639-2 | deu, ger |
ISO 639-3 | deu |
IETF | de |
WALS | ger |
Glottolog | stan1295 |
Échantillon | |
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme (voir le texte en français) :
Artikel 1 Alle Menschen sind frei und gleich an Würde und Rechten geboren. Sie sind mit Vernunft und Gewissen begabt und sollen einander im Geist der Brüderlichkeit begegnen. |
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Carte | |
![]() Carte de la germanophonie.
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L’allemand (autonyme : Deutsch, /dɔʏtʃ/ Écouter) est l'une des langues indo-européennes appartenant à la branche occidentale des langues germaniques. Du fait de ses nombreux dialectes, l'allemand constitue dans une certaine mesure une langue-toit (Dachsprache).
Son histoire, en tant que langue distincte des autres langues germaniques occidentales, débute au haut Moyen Âge, lors de la seconde mutation consonantique.
Au XXIe siècle, ses locuteurs, appelés « germanophones », se répartissent principalement, avec près de 100 millions de locuteurs, en Europe, ce qui fait de leur langue la plus parlée au sein de l'Union européenne (UE).
Avec la première mutation consonantique (erste germanische Lautverschiebung) aux environs du Ve siècle av. J.-C., naissait le germanique commun à partir d'un dialecte indo-européen. Cette transformation explique des différences entre les langues germaniques (plus l'arménien) et les autres langues indo-européennes. On peut, pour simplifier, présenter les faits ainsi :
On commence à parler de langue allemande (ou, en linguistique « haut allemand ») lorsque les dialectes parlés dans le sud-ouest de l'Allemagne subirent la seconde mutation consonantique (zweite germanische Lautverschiebung ou hochdeutsche Lautverschiebung, que l'on situe autour du VIe siècle), période au cours de laquelle la langue commença à se différencier des dialectes du nord (Niederdeutsch, bas allemand).
Cette modification phonétique explique un certain nombre de différences entre l'allemand actuel et, par exemple, le néerlandais ou l'anglais[6]:
pour résumer, *k / *p / *t ➜ ch / pf (ou f) / ts (ou s)
Les dialectes du nord qui n'ont pas ou peu subi cette seconde mutation phonétique sont qualifiés de bas allemand. Cette appellation est jugée abusive par certains linguistes, notamment néerlandais (qui ne sont pas « allemands », du moins depuis les traités de Westphalie). Mais le terme « allemand » n'est ici qu'un terme linguistique, un peu comme « roman », « slave » ou « scandinave ».
Entre le Xe siècle et le XVe siècle eut lieu une diphtongaison dans les parlers du Sud-Ouest concernant l'articulation en deux phonèmes de ei, eu et au. Cela explique à nouveau certaines différences entre l'allemand standard et, par exemple, le néerlandais (les lettres dans les parenthèses expliquent la prononciation en utilisant la langue française):
Contrairement aux États voisins, les contrées germaniques sont restées morcelées (Kleinstaaterei) au cours de l'ensemble du Moyen Âge, ce qui contribua au développement de dialectes très différents et parfois mutuellement inintelligibles. Un premier pas vers une langue interrégionale correspond au Mittelhochdeutsch poétique des poètes de cour vers le XIIIe siècle, bien que l'influence sur la langue vulgaire fût quasiment nulle, en raison de la faible alphabétisation. Aussi les régions germaniques restèrent-elles longtemps coupées en deux régions linguistiques :
La période de « l'allemand moderne » « commence conventionnellement avec les écrits de Luther »[7].
Martin Luther traduisit la Bible en « allemand » à l'adresse de « tous les hommes », alle mannen (étymologie germano-latine du mot « allemand »[8]), c'est-à-dire à l'adresse des « Allemands », afin que le peuple des chrétiens « laïcs » ait accès aux textes religieux, réservés jusque là aux clercs. Il peut être considéré en ce sens, historiquement celui de la Réforme, comme le créateur de la langue allemande moderne. L'allemand moderne est de ce fait une langue écrite, le Schriftdeutsch (« allemand écrit ») : ce sera « la langue de Goethe » — selon l'expression consacrée, dans laquelle écriront en particulier les poètes (Dichter), écrivains et philosophes du « temps de Goethe » (ainsi qu'on désigne habituellement la large période littéraire du romantisme allemand qui s'étend de la fin du XVIIIe siècle au XIXe siècle).
Luther traduisit le Nouveau Testament en 1521 et l'Ancien Testament en 1534. Bien qu'il ne fût pas pionnier dans l'établissement d'une langue interrégionale — en élaboration depuis le XIVe siècle — il n'en reste pas moins qu'avec la Réforme protestante, il contribua à implanter l'allemand standard dans les administrations et les écoles, y compris dans le nord de l'Allemagne, qui finit par l'adopter. En 1578, Johannes Clajus se fonda sur la traduction de Luther pour rédiger une grammaire allemande[9].
Jusqu'au début du XIXe siècle, le Hochdeutsch resta une langue souvent écrite, que beaucoup d'Allemands, en particulier dans le sud, apprenaient à l'école un peu comme « une langue étrangère », à côté des dialectes demeurés vivaces jusqu'à aujourd'hui (notamment en Suisse alémanique).
Au milieu du XVIIIe siècle, concernant la diction, les Allemands conviennent que c'est à Dresde et surtout à Leipzig que l’on parle le mieux allemand. À l'inverse, la Westphalie et la Basse-Saxe sont les deux régions dans lesquelles on parle « le plus mauvais allemand »[10].
Avec la domination de l'Empire austro-hongrois en Europe centrale, l'allemand y devint la langue véhiculaire. En particulier, jusqu'au milieu du XIXe siècle, les marchands et, plus généralement, les citadins y parlaient l'allemand, indépendamment de leur nationalité : Prague, Budapest, Presbourg, Agram et Laibach constituaient des îlots germanophones au milieu des campagnes qui avaient conservé leur langue vernaculaire.
Johann Christoph Adelung publia en 1781 le premier dictionnaire allemand exhaustif, initiative suivie par Jacob et Wilhelm Grimm en 1852. Le dictionnaire des frères Grimm, publié en seize tomes entre 1852 et 1860, reste le guide le plus complet du vocabulaire allemand. La normalisation progressive de l'orthographe fut achevée grâce au Dictionnaire orthographique de la langue allemande de Konrad Duden en 1880, qui fut, à des modifications mineures près, déclaré comme référence officielle dans la réforme de l'orthographe de 1901.
Comme l'anglais, l'allemand fait partie des langues germaniques occidentales, proche, notamment, du néerlandais. Les autres branches sont la branche nord (dit scandinave) avec le suédois, le danois, le norvégien et l'islandais, et la branche est, éteinte aujourd'hui.
L'allemand s'écrit avec les 26 lettres de l'alphabet latin, trois voyelles surmontées d'un Umlaut (sorte de tréma) ä, ö et ü, et un symbole graphique spécial ß, Eszett ou scharfes S (ligature de S long et de « s » ou « z »), utilisé en lieu et place de ss dans certains cas (principalement après une voyelle longue ou une diphtongue). La Suisse n'utilise plus le ß depuis les années 1930. Jusque dans les années 1940, l'allemand était imprimé en écriture gothique (Fraktur) et écrit en sütterlin, qui sont différentes versions de l'alphabet latin.
L'orthographe allemande se déduit en général de la prononciation et d'un minimum de connaissances. Mais les fortes disparités régionales dans la prononciation peuvent rendre la tâche ardue. Les principales difficultés orthographiques de l'allemand résident dans :
Afin de supprimer une partie des difficultés décrites ci-dessus, les représentants allemands, suisses et autrichiens convinrent d'une réforme de l'orthographe. Elle est entrée en vigueur en 1998 en Allemagne et est devenue obligatoire à partir de la mi-2005. La dernière réforme datait de 1901 et portait entre autres sur la suppression du h dans Thor et sur l'ajout du e pour les voyelles longues et accentuées dans la conjugaison des verbes, par exemple kritisirt ➜ kritisiert).
Les principaux changements concernent :
Cette réforme rencontre une forte critique en Allemagne. Le Land de Schleswig-Holstein a voté le retour à l'orthographe traditionnelle en 1998 (décision annulée pourtant par le parlement régional) et certains journaux et éditeurs ont depuis décidé de revenir à la graphie conventionnelle.
Contrairement à des langues telles que l'anglais, l'allemand standard (Hochdeutsch) se prononce de manière assez conforme au texte écrit et contient très peu d'exceptions (les sons se prononcent souvent de la même façon), hormis pour les mots d'emprunt. Presque toutes les voyelles se prononcent clairement, voire longuement, même sans être suivies de lettre muette servant à insister sur la lettre précédente.
Toutefois, les francophones qui apprennent l'allemand rencontrent généralement quelques difficultés, listées ci-dessous.
Tous les sons n'y figurant pas se prononcent toujours de la même manière qu'en français (a, b, d, f, i, k, l, m, n, o, p, ph, q, r, t, x).
Lettres à Umlaut (le tréma français)
Les umlauts indiquent également l'accentuation. Ils marquent souvent le pluriel ou le diminutif (avec « -chen » et « -lein ») des mots.
Lorsque les Umlauts ne sont pas accessibles (clavier étranger, Internet…), ils sont représentés par « e » : ae pour ä, oe pour ö, ue pour ü.
En Alsace-Moselle, on remplace habituellement les umlauts : Koenigshoffen, Haut-Koenigsbourg, Hœnheim (dans ces exemples, c'est le ö qui est remplacé), ou encore "Schweighaeuser".
Il faut bien veiller à ne prononcer qu'un son et pas deux sons distincts pour les combinaisons de deux voyelles : par exemple, pour la combinaison [ei], il faudra prononcer ail (ou le [i] du mot anglais knife) et non le [aï] de na|ïf. Le son français [oi] en est l'exemple même : il ne se prononce pas directement [ou|a].
Tableau synthétique de la prononciation de l'allemand
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* [ɔi] est parfois retranscrit en [ɔy].
Notes :
L'allemand est une langue flexionnelle comportant des conjugaisons et des déclinaisons.
Le principe de la conjugaison allemande est assez proche du principe de la conjugaison française. Les différences notables sont :
En ce qui concerne la morphologie, les trois principaux types de verbes sont :
Parmi les verbes irréguliers se rangent également les auxiliaires de mode (können, pouvoir ; dürfen, avoir le droit ;, etc.), qui sont employés dans un nombre important de contextes différents.
La déclinaison allemande comporte quatre cas, le nominatif, l'accusatif, le datif et le génitif, auxquels se combinent trois genres grammaticaux, le masculin, le féminin et le neutre ainsi que deux nombres, le singulier et le pluriel.
Le porteur essentiel de la marque de déclinaison est le déterminant, secondé par l'adjectif épithète si le déterminant est absent ou bien sans désinence (marque de déclinaison).
Le nom porte également la marque de déclinaison au datif pluriel à tous les genres, au génitif singulier masculin ou neutre.
Les déclinaisons sont employées :
L'allemand a pour particularité syntaxique principale de placer des éléments importants, soit en première position dans la phrase, soit en dernière position. L'inversion du verbe et du sujet a lieu quand un complément vient en tête de phrase ; « heute geht es ihm gut == aujourd'hui il va bien » ; le rejet est le renvoi du verbe en fin de phrase dans les subordonnées « …, wenn er Wein trinkt = lorsqu'il boit du vin »
Autre exemple :
Er nahm gestern trotz aller Schwierigkeiten diese Maschine in Betrieb.
Il a mis cette machine en service hier malgré toutes les difficultés.
Sont mis en valeur :
Avant l'action et l'objet sont énumérées les circonstances. L'ordre de la phrase peut être modifié pour insister sur un des éléments, que l'on place alors en tête de phrase :
Gestern nahm er trotz aller Schwierigkeiten diese Maschine in Betrieb.
C'est hier qu'il a mis cette machine en service malgré toutes les difficultés.
Trotz aller Schwierigkeiten nahm er gestern diese Maschine in Betrieb.
Malgré toutes les difficultés, il a mis cette machine en service hier.
Diese Maschine nahm er gestern trotz aller Schwierigkeiten in Betrieb.
C'est cette machine qu'il a mise en service hier malgré toutes les difficultés.
La langue allemande peut se passer d'article au génitif en juxtaposant deux éléments (déterminants + déterminé) — ou même beaucoup plus. L'allemand est même connu pour sa capacité à former des surcomposés de grande longueur que les Allemands eux-mêmes appellent par dérision Bandwürmer « vers solitaires »…
Exemples :
Certains des exemples ci-dessus sont fictifs (ils sont morphologiquement corrects, mais n'ont pas été employés de façon réelle). D'autre part, quand un surcomposé est très long ou peu courant, on peut le diviser par un trait d'union : Mehrjahres-Programmvereinbarungen, « conventions-programmes pluriannuelles ».
La composition à multiples éléments ne se limite pas au couple objet possédé-possesseur (du type Kapitänsmütze « casquette de capitaine ») mais aussi à toutes sortes de relations :
En français, la possession marquée par « de » a plusieurs sens qui se rendent en allemand de trois manières distinctes :
Il faut savoir avant tout qu'en allemand, le premier mot dans un composé est, comme l'adjectif qui précède le sujet, moins mis en avant que s'il est placé après le sujet.
Prenons le titre du 3e tome de la bande dessinée Broussaille, La Nuit du chat. Dans le titre (et dans l'histoire), l'élément (et le sujet) important est le chat, connu et recherché. C'est la nuit du chat, qui « appartient » au chat. On va donc préférer la traduction Die Nacht der Katze (La nuit du chat) à Die Katzenacht (La nuit à chats). Dans cette dernière formulation, c'est l'élément nuit (Nacht) qui est visé.
Autre exemple plus rapproché de la syntaxe française : Dans « Nuits dans les jardins d'Espagne », la traduction correcte est Nächte in den Gärten von Spanien et non Nächte in den spanischen Gärten. La traduction de Nächte in den spanischen Gärten est « Nuits dans les jardins espagnols ».
La langue allemande (ainsi que le peuple) a la particularité d'avoir des appellations très différentes d'une langue à l'autre (par exemple German, Deutsch, alemán, német, etc.). En effet, six racines différentes entrent en jeu :
En hébreu classique, les pays allemands sont connus sous l’appellation de ashkenaz (אשכנז), par généalogie populaire d'après Gen. 10:3. Pour l’hébreu moderne, voir plus haut.
Un nombre important de mots furent empruntés aux dialectes germaniques par le roman et l'ancien français (par ex. heaume, éperon, cible, fauteuil) ; seuls les mots d'origine plus récente sont encore discernables en tant qu'emprunts lexicaux (frichti, ersatz).
Mot | Traduction | Prononciation standard*** |
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terre | Erde | [ˈʔe:ɐ.də] |
ciel | Himmel | [ˈhɪml̩] |
eau | Wasser | [ˈvasɐ] |
feu | Feuer | [ˈfɔɪ.ɐ] |
homme | Mann | [man] |
femme | Frau | [fʁaʊ] |
enfant | Kind | [kɪnt] |
manger | essen | [ˈʔɛsn̩] |
boire | trinken | [ˈtʁɪŋ.kn̩] |
grand | groß | [gʁoːs] |
petit | klein | [klaɪn] |
nuit | Nacht | [naχt] |
jour | Tag | [taːk] |
lumière | Licht | [lɪçt] |
vélo | Fahrrad | ['fa:ɐ̯ra:t] |
Exemples de phrases :
L'allemand a toujours la possibilité sémantique de former de nouveaux mots par les procédés de composition et de dérivation.
Tout comme le français a créé le verbe des pacsés/se pacser à partir d'une abréviation administrative de l'état civil (PACS), l'allemand peut adapter dans le langage courant des termes nouveaux adaptés à l'actualité.
Exemple :
Le mot apprenti s'est dit pendant des siècles Lehrling du verbe lehren « enseigner » signifiant donc « celui à qui l'on enseigne quelque chose », suivi du diminutif -ling. Son maître était le Meister.
La réforme administrative au début des années 1970 a remplacé le terme Meister par deux termes précisant que l'un enseigne effectivement (der Ausbildende, gérondif de ausbilden « former ») et que l'autre a le droit et la responsabilité de la formation (der Ausbilder « le formateur »). L'apprenti devint logiquement der Auszubildende (c'est-à-dire celui qui doit être formé), en abrégé AZUBI (prononcé ATSOUBI). Le génie de la langue ajouta pour la forme féminine la terminaison habituelle -in et l'on prononça le tout ATSOUBINE. Or, le terme Biene « abeille » désigne aussi une jolie fille ce qui transforma la sèche abréviation en un joli petit nom.
Prononciation; certaines lettres se prononcent différemment en Autriche. Le « R » a tendance à être roulé, un peu comme dans le Sud de l'Allemagne (Bavière).
D'une manière générale, dans la République démocratique allemande, la langue s'était enrichie de termes officiels, spécifiques au régime politique tout comme sous le régime national-socialiste. Dans le langage courant, de nombreux termes tournaient ces derniers en dérision. Par exemple, l'abréviation VEB (pour Volkseigener Betrieb, usine propriété du peuple) devenait Vaters ehemaliger Betrieb (l'ancienne usine de Papa)...
De très nombreuses abréviations tirées de l'idéologie communiste avaient cours, les étudiants devaient tous suivre des cours de ML (marxisme-léninisme), On retrouve des néologismes ou de nouvelles expressions dans un nombre important de domaines, notamment :
[deu]
dans la base de données linguistique Ethnologue.[stan1295]
dans la base de données linguistique Glottolog.